L’EVENTAIL ET LA MINERVE (2)

Publié le par Evelyne et Lucien RUTY

            Est bas tout ce qui est sans hauteur morale, vil, méprisable ; tout ce qui témoigne d’une propension à fouler aux pieds les principes ; tout ce qui fait, enfin, qu’en se regardant le matin dans le miroir de la salle de bains on trouve l’image de quelqu’un peu susceptible d’inspirer le respect.
            Cette catégorie d’individus est largement plus représentée que celle qui mériterait de recevoir la décoration de l’éventail. Elle comprend les courtisans, les « béni oui-oui », les adeptes de la langue de bois qui savent , avec le sourire, déclarer le contraire de ce qu’ils pensent ; ceux qui rient des bons mots du chef et que ne déride pas le même mot émanant d’un simple « sous-fifre » ; ceux qui sont nés porteurs du gène de la servilité ; les timorés qui ont peur de leur ombre ; ceux qui sont toujours prêts à battre leur coulpe et se plaisent à patauger dans le consensus permanent, etc, etc...
            Alors, puisque les sus-dits se singularisent par leur bassesse et constituent apparemment un groupe social important, il importe de les distinguer par une décoration dont j’aimerais qu’elle soit baptisée « L’ordre de la Minerve » . Cette médaille soulignera l’aptitude exceptionnelle chez certains, à courber l’échine et à froisser leurs cervicales à force de se briser le cou. Compte-tenu des critères qui en justifient la peu glorieuse attribution, les récipiendaires devraient se faire modeste. Or, en nos temps d’inversion des valeurs, le politiquement correct veut que l’on hausse les épaules et que l’on méprise toutes les références qui ont fait la grandeur de la France. Le port de la nouvelle décoration ne sera donc pas jugé infamant mais, au contraire, sera admis comme un geste de refus de l’ordre établi, la marque que l’on est en avance sur son temps, dans la foulée des idéologues du genre Kohn-Bendit, Bernard-Henri Lévy ou Benamou, tous individus qui prônent la disparition de ce qui forge l’identité nationale. Peu regardant sur ce qui touche à leur nationalité, disposant d’une remarquable faculté d’adaptation, il ont eu la peau des frontières. A des Français qui, il y a peu encore, ont dominé l’Europe dans tous les domaines au point qu’on appelait la France « La Grande Nation », ces penseurs auto-proclamés viennent dire qu’ils doivent tout abdiquer de l’héritage de leurs ancêtres pour se fondre dans l’ensemble glauque de la mondialisation. Qu’ils ne trouvent rien dans le génie de la France qui justifie le refus d’abandonner notre identité pose question...ne sont-ils pas des citoyens français ? Leurs ancêtres n’ont-ils pas contribué à l’édification de ce pays ?
            Pour distinguer ceux qui, en permanence, critiquent tout ce qui est national, le drapeau, « La Marseillaise », les cérémonies patriotiques, le biniou et le camembert, le béret basque et la pétanque, il convenait donc de créer l’Ordre de la Minerve. Je pense que, indiscutablement, la palme du plus méritant doit revenir à Jacques Chirac. Commis voyageur de la génuflexion, toujours prêt à jouer les bourgeois de Calais, humiliant la France comme avant lui seul De Gaulle l’avait osé lors du démembrement de notre Empire colonial et avec le honteux abandon de l’Algérie, Chirac, encourageant ainsi le communautarisme, a dissocié les victimes juives du régime de Vichy des autres Français. Pis, il a laissé à Israël - un Etat étranger qui n’existait pas à l’époque des faits - le soin de récompenser ceux de nos compatriotes qui, courageusement, ont caché et protégé des Juifs menacés d’être saisis par l’occupant allemand. Oui ! la Minerve siérait à Jacques Chirac, le Chef d’Etat qui, reçu en Espagne, demanda pardon au peuple espagnol qui n’en demandait pas tant pour la répression de l‘insurrection madrilène par les troupes françaises les 2 et 3 Mai...1808 ! Ce même Chirac qui profitant d’un voyage à Madagascar pour raviver le douloureux souvenir de représailles menées par l’Armée française il y a une cinquantaine d’années, encaissa une leçon de tolérance de la part du Président de la République malgache qui, en retour, évoqua tout ce que la Grande Ile devait à la France. Et d’en rajouter de pleines louches en recevant comme un prince le fellagha Bouteflika aux mains couvertes du sang des Français, qu’ils fussent métropolitains ou algériens ; en tolérant qu’il insulte la France et jette l’opprobre sur nos soldats jusque dans les murs de l’Elysée. Avec Chirac, la France l’a échappé belle. Il est vraisemblable que seule la fin de son mandat a évité à notre pays une demande de pardon pour la Guerre d’Algérie dont on sentait bien qu’elle était au bord des lèvres présidentielles.
            Une Minerve revient aussi de droit à VGE. D’autant que, riche des diamants de Bokassa, il pourra la faire sertir de pierres précieuses. Ne la mérite-il pas pour avoir ridiculisé la France à force de courbettes devant ce pauvre Bokassa ? En allant s’incliner sur la tombe de Lénine le jour où l’Armée Rouge tirait au char d’assaut sur les Lituaniens ?
            Avant d’en venir au petit dernier, celui qui se hâte de rattraper son maître en rouerie et en bassesse, je veux dire Sarkozy, voyons un cas particulier de masochisme : Lionel Jospin. Prenant un air consterné chaque fois qu’il parlait , tout dans son attitude indiquant qu’il était prêt à retirer ce qu’il avait eu l’audace de prononcer, il donnait toujours l’impression de n’être assuré de rien. Quand, la main sur le coeur et roulant des yeux de batracien, il osait avancer une opinion, on le sentait en permanence prêt à courir s’enterrer dans l’île de Ré. Peut-être, en cette période de confiseries, pourrait-on lui offrir une Minerve en chocolat.
            Enfin, le plus récent ! Sarkozy dit Sarko. ! Histoire de faire rire aux dépens de la France, il n’a pas son pareil. Parodiant un roman qui fit pleurer toutes les Margot de France et de Navarre - « Chassée le soir de ses noces », son avènement aurait pu se titrer « Cocu le soir de son sacre ». Invité chez le couple Buch, il se pointe seul en balançant une excuse de gros calibre comme un collégien pris en flagrant délit d’école buissonnière. Ses déboires conjugaux étalés à pleines pages, il exhibe ses conquêtes féminines... c’est sans doute parce qu’on ne lui demandait pas un peu de discrétion qu’il en promène une qui se flatte de collectionner les mecs... ce qui promet un beau défilé de Premières Dames à titre temporaire.
Et le même, prenant son élan pour sauter au cou d’un politicard bruxellois qui le dépassait d’une tête ; dominant de deux marches du perron de l’Elysée  l’athlétique Schwarzenegger ; imposant baisers sonores et claques dans le dos à l’austère Angela Merkel, en faisant semblant d’ignorer l’attitude répulsive de la Prussienne et le pâle sourire de commisération avec lequel elle accueille ses hommages.
            Mais tout cela c’est de la roupie de sansonnet au regard de la cour qu’il fait autour de Bouteflika auquel -le fruit est  mûr ! - il présentera bientôt ses excuses pour l’Algérie sans plus de vergogne qu’il n’en a mis à condamner la colonisation. Avec autant de bonhomie qu’il en a déployé pour écouter les leçons que lui donnait le bédouin Kadhafi, entre deux séances d’insultes. Sarko mérite amplement la Minerve d’Or . Cette distinction récompensant les humiliations imposées à la France, le fait qu’un ministre algérien ait pu dire sans être démenti que la politique de notre Président était inspirée par « un lobbie juif » est suffisamment grave pour justifier la remise de la décoration.
 
 
 
 

Publié dans Articles

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article